CENTENAIRE DE L’ARMISTICE de 1918

En ce jour du 11 novembre 2018, date du centième anniversaire de l’Armistice, la France a rendu un hommage solennel aux combattants de la Grande Guerre.

Villes et villages se sont mobilisés pour donner à cette journée un éclat particulier à cette cérémonie du souvenir.

A Lanvollon,  le maître de cérémonie, Richard Coatanroc’h et le maire, Arsène Nicolazic, ont préparé minutieusement le déroulement de cette organisation.

Le rassemblement s’est formé devant la maison de retraite puis le cortège accompagné de « la Madelon » chantée par la chorale des Gais Lurons a pris la direction du centre ville qui pour l’occasion s’était paré de fanions tricolores. A 11hoo précises, à l’arrivée du cortège au niveau de l’église, les cloches ont sonné à toute volée.

La nombreuse assistance composée des porte-drapeaux, d’enfants des écoles primaires, des représentants de la gendarmerie et des pompiers, d’élus et de la population, a pris place devant les monuments aux morts.

Depuis le début des hostilités en 1914, à chaque cérémonie du souvenir, Richard Coatanroc’h relatait les événements de l’année.

C’est le conseiller municipal, Evence Le Goas, qui a donné lecture des différents combats qui se sont déroulés entre le 12 novembre 1917 à la signature de l’armistice.

 

Puis, cinq enfants de l’école publique ont récité, sans l’aide de documents écrits, les lettres de poilus :

 

Notre tranchée a une longueur de 100 mètres ; elle est profonde d’un mètre et la terre est jetée devant, si bien que l’on peut passer debout sans être vu. Elle est étroite et par endroits, on a creusé plus largement pour pouvoir se croiser quand on se rencontre. Dans le fond, on creuse de petites caves où un homme peut se coucher pour se protéger des obus.

Adolphe Wegel 1915

 

Voici comment se passent nos nuits. A 8h30, la canonnade s’arrête peu à peu. Le silence règne enfin. On entend les pas des soldats, les roulements des caissons de ravitaillement. Défense d’allumer des feux. On mange froid et l’on se couche, à même le sol. On dort tout équipé. Pas de couverture. Des loques humaines couchées en désordre. Une heure du matin . Bing ! Un coup de feu. Bing ! Un autre coup. Une fusillade éclate. L’ennemi attaque comme toutes les nuits, pour nous fatiguer. Quel réveil de cauchemar !

Jean de Pierrefeu 1914

 

Voilà près d’un mois que je ne me suis ni déshabillé, ni déchaussé ; je me suis lavé deux fois : dans une fontaine et dans un ruisseau près d’un cheval mort ; Je n’ai jamais approché un matelas ; j’ai passé toutes mes nuits sur la terre. On dort un quart d’heure de temps en temps . On dort debout, à genoux, assis, accroupi et même couché. On dort sur les chemins, dans les taillis, dans les tranchées, dans les arbres, dans la boue. On dort même sous la fusillade. Le silence seul réveille.

André Fribourg 1915

 

Je viens de déjeuner, mais qu’est-ce qu’une demi-boule de pain pour une journée ! J’en ai mangé la moitié et j’ai encore faim. Rien que le matin, il me faudrait la boule entière ! Le froid aiguise terriblement l’appétit.

Etienne Tanty 1914

 

Puis, les élèves de l’école du Sacré Cœur ont interprété une chanson composée par les élèves du CM2 de l’école Saint-Genès de Bordeaux «  ECLAIRS D’ACIER, NOS REVES VOLES » :

  • Et j’entends des pas s’approcher,
  • je vois des fusées voler,
  • je vois la vie exploser, je vois ma vie défiler,
  • j’entends des canons tonner,
  • je vois mes amis tomber, je te revois en train de danser
  • et je m’imagine tous ces moments volés.
  •  Et malgré tout ça, je garde espoir,
  • je vis dans ton regard,
  • et malgré tout ça, je vis dans le noir,
  • je garde espoir à n’en plus pouvoir.
  • Je m’prépare, l’assaut est donné,
  • je marche sur des rêves brisés,
  • nos vies ne sont que poussière
  • mais mon Dieu sommes-nous en enfer.
  • Je sens la terre trembler,
  • l’odeur me fait suffoquer,
  • Je te revois dans ce champ de blé
  • et je m’imagine tous ces rêves effacés.
  • Enterré au fond de ma tranchée,
  • je sens la pluie me glacer,
  • j’entends des cris m’appeler,
  • je veux pouvoir oublier,
  • je veux pouvoir espérer,
  • je veux te retrouver,
  • auprès de toi en train de danser
  • et je vais revivre tous ces moments volés.

 

Puis le maire a lu le message du Président de la République :

Un siècle.

Un siècle que l’armistice du 11 novembre 1918 est venu mettre un terme aux combat fratricides de la Première Guerre Mondiale.

A cet affrontement interminable nation contre nation, peuple contre peuple. Avec ses tranchées pleines de boue, de sang et de larmes. Ses orages de feu et d’acier qui grondaient par tous les temps et déchiraient les ciels les plus calmes. Ses champs de bataille éventrés et la mort, omniprésente.

Le 11 novembre 1918 , un grand soupir de soulagement traverse la France. Depuis Compiègne où l’Armistice a été signé à l’aube, il se propage jusqu’aux champs de bataille.

Enfin, après quatre interminables années de bruit et de fureur, de nuit et de terrer, les armes se taisent sur le front sur le front occidental.

Enfin, le vacarme funeste des canons laisse place à la clameur allègre qui s’élève de volées de cloches en sonneries de clairons, d’esplanades de grandes villes en places de villages.

Partout, on célèbre alors avec fierté la victoire de la France et de ses alliés. Nos poilus ne se sont pas battus pour rien ; ils ne sont pas morts en vain : la patrie est sauvée, la paix, enfin, va revenir !

Mais partout, aussi , on constate le gâchis et on éprouve d’autant plus le deuil : là, un fils pleure son père ; ici, un père pleure son fils ; là, comme ailleurs, une veuve pleure son mari. Et, partout on voit défiler des cortèges de mutilés et de gueules cassées.

Françaises, Français, dans chacune de nos villes et dans chacun de nos villages, Françaises et Français de toutes générations et de tous horizons, nous voilà rassemblés en ce 11 novembre.

Nous sommes réunis dans nos communes, devant nos monuments aux morts, pour rendre hommage et dire notre reconnaissance à tous ceux qui nous ont défendu hier mais aussi à ceux qui nnous défendent aujourd’hui, jusqu’au sacrifice de leur vie.

Nous nous souvenons de nos poilus, morts pour la France. De nos civils, dont beaucoup ont aussi perdu la vie. De nos soldats marqués à jamais dans leur chair et dans leur esprit. De nos villages détruits, de nos villes dévastées.

Nous nous souvenons aussi de la souffrance et de l’honneur de tous ceux qui ont quitté leur terre et sont venus d’Afrique, du Pacifique et d’Amérique sur ce sol de France qu’ils n’avaient jamais vu et qu’ils ont vaillamment défendu.

Nous nous souvenons de la souffrance et l’honneur des dix millions de combattants de tous les pays qui ont été envoyés dans ces combats terribles ;

Françaises, Français, nous sommes aussi unis en ce jour dans la conscience de notre histoire et dans le refus de sa répétition.

Car le siècle qui nous sépare des terribles sacrifices des femmes et des hommes de 14-18 nous a appris la grande précarité de la Paix.

Nous savons avec quelle force, les nationalismes, les totalitarismes, peuvent emporter les démocraties et mettre en péril l’idée même de civilisation.

Nous savons avec quelle célérité l’ordre multilatéral peut soudain s’écrouler.

Nous savons que l’Europe unie, forgée autour de la réconciliation de la France et de l’Allemagne, est un bien plus fragile que jamais.

Vigilance ! Tel est le sentiment que doit nous inspirer le souvenir de l’effroyable hécatombe de la Grande Guerre.

Ainsi nous serons dignes de la mémoire de celles et de ceux qui, il y a un siècle, sont tombés.

Ainsi serons nous dignes du sacrifice de celles et de ceux qui, aujourd’hui, font que nous nous tenons là, unis en peuple libre.

Vive l’Europe en paix !

Vive la République !

Vive la France !

 

La cérémonie s’est poursuivie par l’appel des noms des 50 Lanvollonnais morts pour la France.

50 petits drapeaux ont été déposés par les enfants des écoles et du conseil municipal enfants.

Puis deux gerbes ont été déposées par le Maire et Messieurs Yves Le MERER et Yves LE JAN dont le père Jacques a combattu pendant la Grande Guerre.

Les enfants des écoles ont ensuite chanté le premier couplet de la Marseillaise et la nombreuse assistance a repris en chœur le refrain.

La cérémonie s’est achevée par un lâcher de ballons tricolores accompagné par le chant de l’hymne européen interprété par la chorale des Gais Lurons.

Le Maire a remercié l’ensemble des personnes présentes pour leur participation à cette belle cérémonie empreinte d’émotion et a invité l’assistance à partager le verre de l’amitié.